L'exploitation minière des fonds marins : entre transition énergétique, tensions géopolitiques et économiques

L’extraction des ressources dans les fonds marins est une controverse en raison des nombreux enjeux et défis qu’elle soulève. Il y a d’un côté les préoccupations environnementales liées aux impacts de l’exploitation des fonds marins sur les écosystèmes marins, la biodiversité et les espèces marines. De l’autre, il y a des questions géopolitiques et économiques liées à la propriété des fonds marins, aux bénéfices économiques et à la répartition des avantages entre les pays. Les termes de cette vaste question se portent sur la réglementation et la gouvernance des ressources marines, ainsi que la nécessité d’une approche durable et responsable pour l’exploitation des ressources marines.

L’enjeu de cette controverse consiste à trouver un équilibre entre les différents acteurs sur les enjeux économiques, environnementaux et sociaux soulevés par cette hypothèse.  Ce nouveau procédé d’extraction un moyen de subvenir à leurs nouveaux besoins, paradoxalement motivés par l’idée de transition énergétique. D’un côté, se donner les moyens de mener à bien notre « transition énergétique » sur la surface de la Terre, et de l’autre, préserver des fonds marins dont on connaît si peu, et y décelons pourtant déjà une grande richesse d’espèces.

Principaux arguments de la controverse

Arguments pour

  • Les fonds marins contiennent une grandes quantité de ressources naturelles, que ce soient les métaux, les minéraux ou même les hydrocarbures. Les nodules polymétalliques, comme les amas sulfurés ou les encroûtements cobaltifères, contiennent plusieurs métaux en différentes proportions, ainsi un même site d’extraction pourrait répondre à une demande en plusieurs métaux à la fois.
  • La recherche et l’extraction des minéraux en question est synonyme d’une grande diversité de nouveaux emplois, dans la maintenance, la recherche, la construction et tant d’autres. De plus, l’approvisionnement dans de nouvelles ressources marines pourraient offrir des opportunités économiques aux communautés côtières pauvres, qui, suite à cela, pourraient améliorer leur niveau de vie et réduire la pauvreté.
  • Certaines populations pourraient être préservées d’une exploitation minière sur leurs terres, et n’auraient pas à se déplacer pour trouver un autre endroit ou vivre. De plus, la délocalisation de l’extraction minière dans les fonds marins pourrait réduire le travail des enfants dans les mines, notamment en RD Congo dans les mines de cobalt où les conditions de travail sont extrêmement dures et dangereuses, à condition que les mines présentes dans ces pays soient exploitées différemment.
  • L’exploitation des ressources marines peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre en utilisant les matériaux récupérés, car cela permettrait de développer par exemple le parc de véhicules électriques et de subvenir aux besoins en minerais des éoliennes.
  • Les États favorables à l’exploitation des fonds marins soutiennent que cette méthode peut aider à répondre aux besoins énergétiques croissants de notre société.
  • Les États revendiquent la souveraineté sur les fonds marins pouvant chercher à renforcer leur position géopolitique dans la région. Certains Etats dépendant des ressources minières extérieures pourraient acquérir une indépendance stratégique en minerais, qui sont de plus en plus demandés et nécessaires pour subvenir aux besoins croissants en métaux. Les nodules polymétalliques, premiers objets des fonds marins ciblés par l’industrie minière, contiennent en effet du fer et du manganèse en grandes quantités.

Arguments contre

  • Les scientifiques, ONG et certains états soutiennent que le manque de connaissances sur les fonds marins représente des risques pour l’écosystème marin.
  • En effet, les espèces maritimes, étant jusque-là isolées des conséquences des activités humaines, seraient pour certaines incapables de s’adapter au bruit, ce dernier se propageant bien plus loin que les limites du site d’exploitation en lui-même.
  • De même, les particules rejetées par le processus d’extraction perturberaient l’équilibre chimique d’un milieu préservé auquel les espèces se sont adaptées.
  • Les effets de l’exploitation dépasseraient aussi largement les zones délimitées par la réglementation, puisque ces particules seraient charriées sur des milliers de kilomètres en vertu des courants marins.
  • Enfin, mettre en danger ces espèces pourrait mettre en danger notre planète, premier puits de C02 au monde. Les infrastructures nécessaires l’extraction pourraient perturber les courants marins, ce qui pourrait entraîner des impacts sur les régimes climatiques globaux et locaux.
  • L’extraction des ressources naturelles dans les fonds marins représente un risque sur le plan économique notamment dû au coûts d’exploitation et d’extraction qui représente un coût important et les rendements incertains, de plus les impacts environnementaux et sociaux pourraient être susceptible d’entraîner des coûts élevés pour la restaurations des écosystèmes marins et la compensations des communautés côtières affectés.
  • Les risques liés à la destruction des fonds marins peuvent aussi impacter l’écotourisme. Sans commerce liés au tourisme, certaines communautés côtières s’effondrent.
  • Les opposants à l’exploitation des fonds marins affirment que les réglementations en place ne sont pas suffisantes pour protéger l’environnement et les communautés côtières. Ils demandent une réglementation plus stricte pour minimiser les risques environnementaux et protéger les droits des communautés côtières.
  • Aucun contrat d’exploitation n’a été délivré par l’AIFM dans les eaux internationales, mais deux permis d’exploitation existent dans les ZEE. Il s’agit des projets Atlantis II Deep en mer Rouge et Solwara 1 de Nautilus Minerals en Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Aucun d’entre eux n’a abouti et n’aboutira probablement jamais, décrit Florian Besson. Le projet en mer Rouge est bloqué depuis 2013 par un désaccord contractuel entre deux entreprises. En Papouasie Nouvelle- Guinée, la nouvelle entité ayant racheté Nautilus Minerals suite à sa liquidation en 2019 détient désormais le permis, mais ses activités sont assez opaques. »
  • L’exploitation des fonds marins représente un danger réel pour la faune et la flore des océans. Le risque majeur serait la disparition de certaines espèces ce qui représenterait une perte culturelle et scientifique énorme, le fait de dégrader les fonds marins représente aussi une dégradation d’un patrimoine commun à tous, la vie marine des mers et océans.
  • Un autre risque culturel est mis sur le tapis, les communautés côtières autochtones et locales ne sont souvent jamais consultées ou informées, et ce genre d’exploitation nécessite pas le consentement des communautés souvent « en développement ». L’exploitation des fonds marins affecterait donc tout particulièrement le patrimoine culturel des communautés côtières.

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