Controverses sur le Barrage des Trois-Gorges en Chine

Construit de 1993 à 2009, le Barrage des Trois-Gorges est situé en Chine, sur le fleuve Yang-Tsé-Kiang, dans la province de Hubei. C’est aujourd’hui le plus grand barrage hydraulique au monde.

Les conséquences sociales et environnementales du Barrage des Trois-Gorges soulèvent des conflits et des tensions qui ne sont pas à négliger. On peut parler de plusieurs sortes de tension.

Positions dans la controverse et arguments portés par les acteurs

Arguments favorables au barrage des Trois-Gorges

Les acteurs favorables au Barrage des Trois-Gorges mettent en lumière une lutte plus efficace contre les crues du fleuve Yang-Tsé-Kiang en aval, qui pouvaient dépasser 100 000m3.s-1. Cela permet d’assurer la sécurité de nombreuses populations touchées par les crues, estimées à plus de 50 à 80 millions, et ainsi d’éviter de nombreux morts.

De plus, le barrage produit bien évidemment de l’énergie propre, hydroélectrique, mais permet aussi l’essor de la navigation en amont du fleuve, avec des navires jusqu’à 10 000 tonnes.

Ceci permet le développement économique d’une région inférieure, avec en plus le développement de la pêche au niveau de l’immense réservoir du barrage.

Le développement économique est également opéré par le développement du tourisme : cette région devient fortement visitée, de nombreux sites touristiques sont crées, ainsi que de nouvelles activités pour attirer les touristes.

Le barrage assure une meilleure maîtrise de la qualité de l’eau, et permet d’irriguer les zones de sécheresse, comme la plaine de la Chine du Nord, par un canal de dérivation.

Enfin, pour faire apprécier sa décision, l’Etat organise des visites du site pour la jeunesse chinoise, se rapprochant du processus de propagande.

Les arguments en défaveur du Barrage des Trois-Gorges

Tout d’abord, on trouve de nombreux arguments à propos des conséquences écologiques d’un tel barrage. La construction des Trois-Gorges a provoqué une inondation de 600 km2 de terre agricoles exploitables et de forêts.

Le barrage cause le blocage du transport sédimentaire naturel par sédimentation dans le réservoir, entraînant d’importants changements dans la faune et la flore, l’érosion, la réduction de l’apport sédimentaire.

Il entraîne la modification du régime hydraulique, ce qui cause une remontée des nappes salées, un problème qui nécessite un drainage pour évacuer le sel ; l’exploitation et l’artificialisation des lacs de déversement des crues du fleuve causant la réduction des zones d’habitat de nombreuses espèces d’oiseaux.

Une multiplication anormale des mauvaises herbes aquatiques et des algues s’opèrent, ainsi que l’assèchement des zones humides et donc appauvrissement de la biodiversité.

Il y a également nombre d’arguments dénonçant les impacts sociétaux : déplacement de plus de 1, 8 millions d’habitants sans aide de l’Etat chinois, avec l’engloutissement de 1 300 sites historiques et archéologiques.

40 % des délogés sont des citadins relogés dans de nouveaux quartiers en ville dans des appartements dont les immeubles ont été construits à la va-vite, alors qu’ils occupaient auparavant des petites maisons.

60 % des autres délogés sont des paysans déplacés au-dessus du réservoir avec des conditions de culture différentes (sols minces en pente à plus haute altitude).

15 villes et 116 villages ont ainsi été détruits au moment de la construction du barrage, et 436 km2 de terres ont disparu.

Le risque en cas de rupture du barrage est énorme : 75 millions de personnes seraient touchées si le barrage venait à céder dans le futur.

Enfin, sa production d’électricité correspond à 3 % de la consommation nationale, alors que les plans originaux prévoyaient de couvrir 10 % des besoins du pays. Les 24,6 milliards d’euros de budget ont largement été dépassé.